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— Je voulais te l’offrir en échange de notre liberté.

Le maître consent au marché et les laisse partir.

Alors l’époux se jette aux pieds de l’épouse ; il la remercie avec effusion de l’avoir ainsi délivré de l’esclavage. Mais la femme se transforme ; elle devient tellement brillante que le jeune homme, ébloui, ne peut plus la regarder.

— Je suis la tisseuse céleste, dit-elle ; ton courage au travail et ta piété filiale m’ont touchée, et, te voyant malheureux, je suis descendue du ciel pour te secourir. Tout ce que tu entreprendras désormais réussira si tu ne quittes jamais le chemin de la vertu.

Cela dit, la divine tisseuse monte au ciel et va reprendre sa place dans la maison des vers à soie[1].

L’orchestre, alors, joue un air de danse. Le rideau se baisse et se relève bientôt. Il laisse voir le jardin d’une pagode avec ses bosquets de bambous, ses édifices légers, aux toitures vastes soutenues par un enchevêtrement de poutres de toutes couleurs. Alors des scènes de pantomime se succèdent sans se lier entre elles. Les légendes religieuses ou guerrières sont mises

  1. La constellation du Scorpion.