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clinée profondément, s’éloigna et se perdit dans la foule.

Les sons d’un orchestre caché éclatent bientôt et les divertissements commencent.

Un rideau se lève sur la paroi faisant face au trône et découvre un charmant paysage.

Le mont Fousi s’élève au fond, laissant voir au-dessus d’une collerette de nuages sa cime poudrée de neige ; la mer, d’un bleu profond, piquée de quelques voiles blanches, se déroule au pied des montagnes ; un chemin ondule au premier plan, entre les arbres et les bosquets fleuris.

Voici un jeune homme qui s’avance ; il baisse la tête, il semble fatigué et triste. L’orchestre se tait. Le jeune homme élève la voix ; il raconte, comment le malheur l’a poursuivi ; sa mère est morte de chagrin en voyant les champs cultivés par son époux devenir de plus en plus stériles ; il a suivi le cercueil de sa mère en pleurant, puis s’est tué de travail pour soutenir son vieux père ; mais le père est mort à son tour, laissant le fils dans un tel dénûment, qu’il n’avait pas l’argent nécessaire pour le faire enterrer ; alors il s’est vendu lui-même comme esclave et a pu, avec le prix de sa liberté, rendre les derniers devoirs à son père ; maintenant il se rend chez son maître pour y remplir les conditions du con-