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L’USURPATEUR

rire la joie éclate de toutes parts comme les chants des oiseaux aux premiers rayons du soleil.

— Les dieux supérieurs soient loués ! dit à demi voix une princesse à ses compagnes, le souci qui attristait notre souveraine s’est enfin dissipé : elle est plus joyeuse ce soir que jamais.

— Est-elle d’humeur clémente ! dit une autre. Voici Fatkoura rentrée en grâce. Elle gravit les degrés du trône. La Kisaki l’a fait appeler,

En effet, Fatkoura était debout sur la dernière marche de l’estrade royale ; mais l’expression morne de ses traits, la fixité et l’égarement de son regard contrastaient vivement avec l’expression enjouée et sereine empreinte sur tous les visages. Elle remercia la Kisaki de lui avoir rendu ses faveurs ; mais elle le fit d’une voix si lugubre et si étrangement troublée, que la jeune reine tressaillit et leva les yeux sur son ancienne favorite.

— Es-tu malade ? dit-elle, surprise de l’altération des traits de la jeune femme.

— La joie d’être pardonnée, peut-être, balbutia Fatkoura.

— Je te dispense de rester à la fête, si tu souffres.

— Merci, dit Fatkoura qui, après s’être in-