Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 1.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
L’USURPATEUR

si ce que tu supposes est véritable, la paix du royaume peut être profondément troublée.

— C’est pourquoi, divine sœur du soleil, j’ai eu l’audace de solliciter ton intercession toute puissante, dit le prince, sans pouvoir maîtriser complètement les frémissements de sa voix. Si tu accèdes à ma prière, si j’obtiens ce que je demande, de grands malheurs peuvent être prévenus.

— Tu le sais, Ivakoura, le céleste mikado est favorable à Hiéyas ; voudra-t-il croire à ce crime dont tu accuses son protégé, et cette accusation, jusqu’à présent secrète, voudras-tu la soutenir publiquement ?

— Je la soutiendrai en face d’Hiéyas lui-même, dit Nagato avec fermeté ; il est l’auteur de l’odieux complot qui a failli coûter la vie à mon jeune maître.

— Cette affirmation mettra ta vie en danger. As-tu songé à cela ?

— Ma vie est peu de chose, dit le prince. D’ailleurs, le seul fait de mon dévouement à Fidé-Yori suffit pour m’attirer la haine du régent. J’ai failli être assassiné par des gens postés par lui, il y a quelques jours, en quittant Kioto.

— Quoi ! prince ! est-ce bien possible ? dit la Kisaki.

— Je ne parle de ce fait sans importance, continua Nagato, que pour te montrer que le