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L’USURPATEUR

rait qu’il est suspendu en l’air tant l’eau est transparente. Vois, ses nageoires sont comme de la gaze noire et ses yeux comme des boules de feu. Décidément, dans tout le palais, c’est Iza-Farou qui possède les plus beaux poissons.

— Comment ! Fatkoura ! s’écria une voix de femme de l’intérieur d’un pavillon, tu es dehors à une pareille heure ? Est-ce donc parce que tu es veuve que tu prends si peu de soin de ton teint et que tu vas le laisser dévorer par le soleil ?

Un store se releva à demi et Iza-Farou avança au dehors sa jolie tête toute hérissée d’épingles blondes.

— Ah ! dit-elle, le seigneur de Nagato ! Vous ne passerez pas devant ma demeure sans me faire l’honneur d’y entrer, ajouta-t-elle.

— Nous entrerons avec plaisir, en remerciant le hasard qui nous a conduits de ce côté, dit Fatkoura.

Ils gravirent l’escalier du pavillon et s’avancèrent au milieu des fleurs qui emplissaient la galerie.

Iza-Farou vint au-devant d’eux.

— Qu’as-tu à me dire ? dit-elle à demi-voix à son amie, tout en saluant gracieusement le prince.

— J’ai besoin de toi, dit Fatkoura, tu sais que je suis en disgrâce.