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le pont de l’Hirondelle apparaît au bout du chemin. En l’apercevant, Fidé-Yori, par un mouvement involontaire, retient son cheval ; un battement précipité agite son cœur. Ce pont frêle est audacieusement jeté d’une colline à l’autre sur le val très-profond. La rivière, rapide comme un torrent, bondit sur des roches avec un bruit sourd et continu. Cependant le pont semble comme de coutume s’appuyer fermement sur les roches plates qui se projettent au-dessous de lui.

Les coureurs avancent d’un pas ferme. Si le complot existe, ceux-là ne le connaissent point. Le jeune roi n’ose pas s’arrêter, il croit entendre encore les paroles de Nagato :

« Marche sans crainte vers le pont. »

Mais la voix suppliante d’Omiti vibre aussi à son oreille, il se souvient du serment qu’il a prononcé. Le silence de Nagato surtout l’épouvante. Que de choses ont pu entraver le projet du prince ! Entouré d’espions habiles qui surveillent ses moindres actions, il a peut-être été enlevé et mis dans l’impossibilité de correspondre avec le roi. Toutes ces pensées emplissent tumultueusement l’esprit de Fidé-Yori, la dernière supposition le fait pâlir ; puis par une de ces bizarreries de la pensée fréquentes dans les situations extrêmes, il se souvient subitement d’une chanson qu’il chantait lorsqu’il était enfant pour se fami-