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L’USURPATEUR

Fidé-Yori quitte la plage à son tour, précédé par les deux coureurs et suivi de son cortège. On s’engage dans une petite vallée fraîche et charmante, et l’on prend un chemin qui, par une pente très-douce, conduit au sommet de la colline. Ce chemin est complètement désert. D’ailleurs, depuis la veille, on en a interdit l’accès au peuple.

Fidé-Yori songe au complot, au pont qui doit s’écrouler et le précipiter dans un abîme. Il y a pensé toute la nuit avec angoisse ; mais, sous ce soleil si franchement lumineux, au milieu de cette nature paisible, il ne peut plus croire à la méchanceté humaine. Cependant, le chemin choisi pour revenir au palais est singulier. « On prendra cette route afin d’éviter la foule, » a dit Hiéyas ; mais il n’y avait qu’à interdire une autre voie au peuple, et le roi eût pu rentrer au château sans faire ce bizarre détour.

Fidé-Yori cherche des yeux Nagato. Il ne peut le découvrir. Depuis le matin, il l’a fait demander vingt fois. Le prince est introuvable.

Une angoisse douloureuse envahit le jeune siogoun. Il se demande tout à coup pourquoi son cortège est si restreint, pourquoi il n’est précédé que de deux coureurs ; il regarde derrière lui, et il lui semble que les porteurs de norimonos ralentissent le pas.

On atteint le faîte de la colline, et bientôt