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L’arrivée du jeune prince divise l’attention de la foule, et la procession de Yébis n’est plus seule à attirer les regards. La coiffure royale, une sorte de toque d’or de forme oblongue, posée sur la tête de Fidé-Yori, le fait reconnaître de loin.

Bientôt le cortège religieux vient défiler lentement devant le siogoun. Puis les prêtres qui portent la châsse quittent la file et s’approchent tout près de la mer.

Alors les pêcheurs, les bateliers du rivage accourent soudain avec des cris, des sauts, des gambades, et se jettent sur ceux qui portent Yiébis. Ils simulent une bataille en poussant des clameurs de plus en plus aiguës. Les prêtres feignent de se défendre, mais bientôt la châsse passe de leurs épaules sur celles des robustes matelots. Ceux-ci, alors, avec des hurlements de joie, entrent dans la mer et promènent longtemps au-dessus des flots limpides leur dieu bien-aimé, tandis que des orchestres, portés par les jonques qui sillonnent la mer, font éclater leurs mélodies joyeuses. Enfin les matelots reviennent à terre, au milieu des acclamations de la foule qui se dissipe bientôt pour retourner en toute hâte à la ville, où bien d’autres divertissements s’offrent encore à elle : spectacles en plein air, ventes de toutes sortes, représentations théâtrales, banquets et libations de saké.