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Ces belles herbes, dont les racines de soie s’enfoncent dans les broderies du manteau, flottent hors de l’étoffe et voltigent au vent.

Puis viennent : la belle au dauphin d’or, la belle aux fleurs d’amandier, la belle au cygne, au paon, au singe bleu. Toutes posent leurs pieds nus sur de hautes planchettes en bois d’ébène qui exhaussent leur taille ; elles ont la tête hérissée d’épingles blondes et leur visage, habilement fardé, apparaît jeune et charmant sous la douce pénombre du parasol.

Derrière les courtisanes s’avancent des hommes qui portent des branches de saule ; puis toute une armée de prêtres, transportant, sur des brancards ou sous de jolis pavillons aux toitures dorées, les accessoires, les ornements et le mobilier du temple, que l’on purifie pendant la promenade du cortège »

Enfin apparaît la châsse de Yébis, le dieu de la mer, le pêcheur infatigable qui passe des journées entières, enveloppé d’un filet, une ligne à la main, debout sur une roche émergeant à demi de l’eau. Elle est portée par cinquante bonzes nus jusqu’à la ceinture et ressemble à une maisonnette carrée. Sa toiture, à quatre pans coupés, est revêtue d’argent et d’azur, bordée d’une frange de perles et surmontée d’un grand oiseau aux ailes ouvertes.