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L’USURPATEUR

jour-là, non que ses tours soient, plus hautes et ses portes sacrées plus nombreuses que celles des temples voisins, mais de ses jardins doit partir le cortège religieux si impatiemment attendu par la foule.

Enfin, dans le lointain, le tambour résonne. On prête l’oreille au rhythme sacré bien connu de tous : quelques coups violents, espacés, puis un roulement précipité, s’adoucissant et se perdant, puis de nouveau des coups brusques.

Une immense clameur de joie s’élève de la foule, qui se range aussitôt le long des maisons de chaque côté des rues que doit parcourir le cortège.

Les Kashiras, gardiens des quartiers, tendent rapidement des cordes qu’ils fixent à des pieux, afin d’empêcher la multitude de déborder sur la voie centrale. La procession s’est mise en marche, en effet, elle a franchi le Torié, portique sacré qui s’élève devant la pagode de Yébis, et bientôt elle défile devant la foule impatiente.

Seize archers s’avancent d’abord, l’un derrière l’autre, sur deux rangs très-espacés. Ils ont revêtu l’armure en lamelle de corne noire jointe par des points de laine rouge. Deux sabres sont passés à leur ceinture ; les flèches empennées dépassent leurs épaules et ils tiennent à la main un grand arc de laque noire