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l’eau, resplendissent au soleil et tachent l’azur du fleuve de frissons multicolores.

Des bandes de jeunes femmes aux toilettes brillantes, descendent les blanches marches des berges taillées en larges gradins. Elles se dirigent vers d’élégants bateaux en bois de camphrier, rehaussés de sculptures et d’ornements de cuivre, et elles les remplissent de fleurs qui jettent de chauds parfums dans l’air.

Du haut du Kiobassi, ce beau pont qui ressemble à un arc tendu, on déploie des pièces de gaze, de crêpe ou de soie légère, des couleurs les plus fraîches et couvertes d’inscriptions. Une faible brise agite mollement ces belles étoffes que les bateaux qui vont et viennent écartent en passant. On voit resplendir au loin la haute tour de la résidence et les deux monstrueux poissons d’or qui ornent son faîte. À l’entrée de la ville, à droite et à gauche du fleuve, les deux superbes bastions qui regardent vers la mer ont arboré sur chaque tour, à chaque angle des murailles, l’étendard national blanc avec un disque rouge, emblème du soleil lorsqu’il s’élève dans les vapeurs matinales. Quelques pagodes au-dessus des arbres dressent sur le ciel radieux la superposition de leurs toitures relevées des bords à la mode chinoise.

C’est la pagode de Yébis, le génie de la mer, qui attire spécialement l’attention ce