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L’USURPATEUR

certaine inquiétude. À la fête du Génie de la mer, demain, un pont doit s’effondrer sous mes pas.

— Quelle horreur ! s’écria Nagato ; Ne va pas à cette fête, au moins.

— Si je m’abstiens d’y aller, dit Fidé-Yori, j’ignorerai toujours la vérité, car le complot n’éclatera pas. Mais si je vais à la fête, continua-t-il en souriant, dans le cas où la conspiration existerait vraiment, la vérité serait un peu rude à constater.

— Certes, dit Nagato ; il faut cependant sortir du doute, il faut trouver un moyen. L’itinéraire que tu dois suivre est-il fixé ?

— Hiéyas me l’a fait remettre.

Fidé-Yori prit un rouleau de papier sur une étagère. Ils lurent : « Quai du Yodo-Gava, place du Marché-aux-Poissons, route des Sycomores, plage de la Mer. Retour par la colline des Bambous, le pont de l’Hirondelle… »

— Les misérables ! s’écria Ivakoura, c’est le pont suspendu au-dessus de la vallée !

— L’endroit serait bien choisi, en effet, dit le siogoun.

— Il est certain qu’il s’agit de ce pont ; ceux qui franchissent les innombrables canaux de la ville ne t’exposeraient pas à la mort en s’écroulant sous tes pieds, mais tout au plus à un bain désagréable.