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de Kioto. J’ignore encore le nom de ce seigneur ; mais le prince de Nagato, qui était à Kioto cette nuit, a peut-être entendu parler de cette aventure ?

— Ah ! tu sais que j’étais à Kioto, murmura le prince ; je comprends alors pourquoi il y avait des assassins sur ma route.

— Comment Nagato pouvait-il être en même temps à Osaka et à Kioto ? dit le prince de Sataké ; il n’est bruit, ce matin, que de la fête sur l’eau qu’il a donnée cette nuit et qui s’est si joyeusement terminée par une bataille entre les seigneurs et les matelots des rivages.

— J’ai même attrapé une égratignure dans la mêlée, dit Nagato en souriant.

— Le prince franchit en quelques heures les routes que d’autres mettraient une journée à parcourir, dit Hiéyas, voilà tout. Seulement, il ménage peu ses chevaux : chaque fois qu’il rentre au palais, sa monture s’abat et expire.

Le prince de Nagato pâlit et chercha le sabre absent de sa ceinture.

— Je ne croyais pas que ta sollicitude s’étendit ainsi jusqu’aux bêtes du royaume, dit-il avec une ironie outrageante. Je te remercie au nom de mes chevaux défunts.

Le siogoun, plein d’inquiétude, jetait des regards suppliants à Nagato. Mais il semblait