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L’USURPATEUR

ma tutelle ! que le chef futur du Japon, notre gracieux seigneur Fidé-Yori, a embrassé la foi chrétienne.

Un grand silence succéda à ces paroles. Les assistants échangeaient des regards qui disaient clairement qu’ils avaient connaissance de ce bruit qui peut-être était fondé.

Fidé-Yori prit la parole.

— Est-ce donc sur des innocents qu’il faut se venger d’une calomnie répandue par des personnes malintentionnées ? dit-il. J’ordonne que les chrétiens ne soient inquiétés d’aucune manière. Mon père, je le déplore, a cru devoir poursuivre de sa colère et exterminer ces malheureux ; mais, je le jure, moi vivant, il ne sera pas versé une seule goutte de leur sang.

Hiéyas fut stupéfait de l’accent résolu du jeune siogoun. Pour la première fois il avait parlé en maître et ordonné. Il s’inclina en signe de soumission et n’objecta rien. Fidé-Yori avait atteint sa majorité, et s’il n’était pas encore proclamé siogoun, c’était parce que Hiéyas ne se hâtait guère de déposer les pouvoirs. Celui-ci ne voulut donc pas entrer en lutte ouverte avec son pupille ; il abandonna momentanément la question et passa à autre chose.

— On m’annonce, dit-il, qu’un seigneur a été attaqué et blessé cette nuit, sur la route