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De plus, le prince lui semblait revêtu d’une majesté particulière.

Au milieu de ces guerriers cuirassés, abritant leur front sous des casques solides, Ivakoura était tête nue, vêtu d’une robe de soie noire traversée d’un ondoiement doré, il avait aux mains des gants de satin blanc qui lui montaient jusqu’au coude, et au-dessus de chaque bras un plastron roide formant épaulette et faisant paraître les épaules très-larges. Il lui paraissait ainsi plus formidable qu’aucun.

Le prince jouait nonchalamment avec son éventail.

Il n’eut pas l’air de se souvenir qu’il eût jamais connu Sandaï.

— Rebelle, lui dit-il sans élever la voix, je ne te demande pas si tu veux renier ton crime et redevenir le serviteur du véritable maître : dans l’homme, je le sais, l’orgueil survit à l’honneur, et tu refuserais.

— Prince, dit Sandaï, avant le combat, ta voix eût pu me rappeler à mes devoirs et me jeter à tes pieds ; mais, après la défaite, un chef ne peut renier ses actes et servir son vainqueur. C’est pourquoi je ne consens pas à me soumettre.

— Eh bien, je vais te renvoyer vers le maître de ton choix, dit Nagato. Tu partiras seul, sans un page, sans un écuyer, tu re-