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presque continuelle leurs ennemis qui n’avaient pas d’armes à feu.

Sur les rivages, une furieuse lutte corps à corps s’engagea. On se battait les jambes dans l’eau ; les coups de sabre faisaient sauter de l’écume. Quelquefois deux adversaires s’entraînaient l’un l’autre, roulaient et disparaissaient. Plusieurs cadavres, un grand nombre de flèches flottaient sur les vagues.

On s’accrochait aux embarcations, on les poussait violemment au large ; un puissant coup d’aviron les ramenait. Alors on se pendait d’un seul côté pour les faire chavirer. Les mains cramponnées aux rebords étaient frappées à coups de sabre, le sang jaillissait, puis, comme des lambeaux déchirés, traînait sur l’eau.

Dès qu’une barque était vide, elle allait en toute hâte chercher d’autres soldats ; bientôt les partisans de l’usurpateur furent accablés. Ils se rendirent.

Les morts, les blessés étaient nombreux. On coucha ces derniers sur le sable, on les pansa, on les encouragea avec des paroles douces et fraternelles. N’étaient-ils pas des frères ? En effet, ils avaient le même uniforme, ils parlaient la même langue, quelques-uns pleuraient en reconnaissant des amis dans les rangs ennemis. Les vaincus