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— Je fais la guerre à ma fantaisie, sans être soumis à personne, et je trouve un certain plaisir dans ces émotions nouvelles.

— Toi, qui n’aimais que les festins ! les fêtes !

— J’aime mieux la guerre aujourd’hui, dit le prince en souriant, je suis changeant.

Des coups de feu et des clameurs confuses se faisaient entendre au loin.

— Qu’est-ce que cela ? dit le général.

— C’est une fausse attaque dirigée de l’autre côté de l’île, pour favoriser le débarquement de tes soldats.

— Tu pourrais être général aussi bien que moi, dit Harounaga.

Le prince eut un sourire de mépris qu’il dissimula derrière son éventail.

Les barques chargées d’hommes quittèrent la côte, le général monta dans le bateau qui portait le prince.

Loo avait ramassé une sorte de trompette et il soufflait dedans, penché à l’avant, de toutes ses forces.

Les soldats de Hiéyas attendaient, massés sur le rivage, prêts à s’opposer de toute leur puissance au débarquement ; les flèches commencèrent à s’envoler de part et d’autre.

Le prince de Nagato fit avancer à droite et à gauche une barque pleine d’hommes armés de fusils. Ils accablèrent d’une décharge