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dit-il, vous rejoindrez le gros de l’armée et vous direz au général dans quelle détresse nous sommes, allez.

Les barques s’éloignèrent, mais lorsqu’elles furent à une petite distance, elles aperçurent un cercle de grandes voiles immobiles, qui leur fermait la route.

Les barques rebroussèrent chemin.

On était bloqué.

Sandaï fit réunir les provisions. On prit les bestiaux, les récoltes des habitants. Il y avait de quoi vivre pendant huit jours ; de plus, on pouvait pêcher du poisson.

— Il faut construire de grands radeaux et tâcher de gagner la terre la nuit sans être vu, dit le chef.

On se mit à l’œuvre, on abattit des arbres, on les dépouilla de leurs petites branches ; la journée se passa ainsi. On travailla aussi la nuit, mais le lendemain matin on aperçut un fourmillement lumineux sur la côte de Soumiossi.

C’était l’armée du général Harounaga.

Ce beau guerrier, de son côté, était assez embarrassé. Il ne savait que résoudre devant cet ennemi séparé de lui par la mer. La flotte de guerre appareillait à Osaka ; elle n’était pas prête à partir encore ; s’il lui fallait l’attendre pour attaquer, l’ennemi pouvait lui échapper.