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On tira quelques coups de feu, plusieurs soldats tombèrent, on les jeta aussitôt à la mer pour alléger les chaloupes.

Une flèche atteignit Raïden à l’épaule, mais elle n’avait plus de force, elle le piqua à peine et tomba dans le canot.

— C’était bien visé, dit Raïden.

La lune était au milieu du ciel, mais ce miroir poli se ternissait comme sous la buée d’une haleine, elle prit bientôt une teinte de vermeil rose, puis elle devint cotonneuse, ce ne fut plus qu’une nuée blanche. La couleur bleue et argentée du ciel fut envahie par une nuance d’améthyste pâle qui coulait rapidement de l’horizon, des frissons violets coururent sur la mer.

C’était le jour.

Derrière le promontoire, la flottille du prince avait entendu les coups de feu qui pour elle étaient un signal, elle quitta aussitôt le rivage et déploya ses voiles, qui prirent aux premiers rayons du soleil l’adorable couleur des fleurs de pêcher.

Dès que les barques furent à portée de sa voix, le prince de Nagato, debout dans le canot, cria de toutes ses forces :

— Cernez ces chaloupes, coupez-leur la retraite, faites-les prisonnières !

Loo trépignait de joie.