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— Ah ! c’est vous, dit Nagato ; avez-vous réussi ?

— Nous serions encore à l’œuvre si notre mission n’était pas terminée. Comme une armée de rats nous avons rongé le bois et fait un grand trou à la jonque.

— Bien ! bien, dit le prince, vous êtes vraiment de précieux auxiliaires.

— Prenons le large, dit Raïden, ils ont des chaloupes encore, ils pourraient nous poursuivre.

— Et nos compagnons ?

— Ils s’en tireront, sois-en sûr. Peut-être sont-ils déjà loin.

Les soldats au hasard lançaient des flèches, on en entendit quelques-unes tomber dans l’eau comme une pluie autour des canots.

— Ils sont si maladroits qu’ils pourraient nous atteindre sans le vouloir, dit Nata en riant.

— Au large ! s’écria Raïden en ramant vigoureusement.

L’obscurité depuis un instant était moins profonde, une blancheur pâle s’épandait dans le ciel comme une goutte de lait dans une tasse d’eau. Du bord de l’horizon, la lueur émanait plus vive, trouble cependant, éclairant à peine. C’était l’aube de la pleine lune qui se levait. Bientôt, comme la pointe d’un glaive dépassant l’horizon, l’astre jeta un