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den tout ruisselant remonta vivement dans le canot.

— En voici une qui n’en a pas pour longtemps, dit Nata en donnant un coup de rame à la jonque pour éloigner la légère embarcation.

— Allons voir les autres, dit Nagato, tout n’est peut-être pas fini.

Les cris redoublaient ; on donnait l’alarme de tous côtés. Sur les rives de l’île on voyait aussi courir des lumières, on entendait le bruit des armes ramassées à la hâte.

— Nous sombrons ! nous sombrons ! criait l’équipage des jonques.

Plusieurs hommes se jetèrent à la mer. Ils respiraient bruyamment en nageant avec précipitation vers les rives de l’île.

L’épouvante était à son comble parmi l’armée ; les jonques coulaient à pic ; on entendait le bouillonnement de l’eau les envahissant ; l’ennemi était là et on ne pouvait le voir. Plus on multipliait les lumières, plus la mer semblait obscure.

Le prince de Nagato se penchait du canot et tâchait de percer du regard l’obscurité. Tout à coup, un choc violent fit bondir la barque, qui s’agita quelques instants d’une façon désordonnée.

— On n’y voit rien aussi, dit une voix ; pardonne-nous, prince, de t’avoir ainsi heurté.