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— Comment ! tu es là ? dit le prince.

— Nous sommes sauvés, alors, dit Raïden.

— Vite, dit Loo, hissez-moi jusqu’à la lucarne.

— Écoute, dit Raïden à voix basse, une fois entré tu tâteras la paroi et tu compteras cinq planches en descendant, droit au-dessous de l’ouverture, la sixième tu la pousseras, mais aussitôt que tu la sentiras céder, tu t’arrêteras et tu reviendras ; si tu la poussais complètement, l’eau, en pénétrant dans le vaisseau, t’engloutirait.

— Bon ! dit l’enfant.

Nata s’était adossé à la jonque.

— Tu n’as pas peur, Loo, dit le prince.

Loo, sans parler, fit signe que non. Il était déjà sur les épaules de Nata et se cramponnait des deux mains au rebord de l’ouverture. Bientôt il y enfonça le torse, puis les jambes et disparut.

— Il doit faire encore plus noir là-dedans qu’ici, dit Nata qui collait son oreille contre la jonque.

Ils attendirent. Le temps leur sembla long. La même anxiété les rendait immobiles.

Enfin, un craquement se fit entendre. Raïden sentit la planche osciller. Une seconde secousse la fit saillir hors de ses rainures.

— Assez ! assez ! ou tu es perdu ! dit Raïden sans oser élever la voix.