Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 1.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grande facilité, nous pourrons peut-être l’exécuter en nous donnant quelque peine, s’était dit le prince.

Les outils qui avaient servi à construire la coque du navire pouvaient être employés utilement à en démolir un fragment. Il suffisait d’ailleurs de faire seulement une ouverture large à y fourrer le poing ou de soulever une planche, l’eau, qui ne demande qu’à entrer et à se glisser partout, saurait bien s’en contenter.

Raïden, penché hors du canot, tâtait sur le navire les parois visqueuses recouvertes par l’eau et cherchait sous la mousse gluante, sous le goudron et la peinture, les têtes des clous fixés dans le bois.

Le prince et Je matelot Nata s’efforçaient de maintenir le canot à peu près immobile.

Raïden prit un outil à sa ceinture et fit sauter après de grands efforts quelques clous.

— Ce navire est solidement construit, dit-il, les clous sont longs comme des sabres, de plus, ils sont rouillés et tiennent dans le bois comme de grosses dents à une jeune mâchoire.

— Crois-tu venir à bout de l’entreprise ?

— Je l’espère bien, dit Raïden. Il est impossible qu’un seigneur tel que toi se soit dérangé pour rien. Seulement, je suis mal à l’aise ainsi placé la tête en bas et contraint