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— Ils sont venus sur trois jonques de guerre, trois belles jonques dorées par places, avec des mâts très-hauts et des banderoles qui flottent de tous côtés.

— Ce sont les Mongols ? demandaient quelques vieillards qui se souvenaient confusément de guerres anciennes » d’invasions étrangères.

— Non, c’est le régent qui veut faire mourir le siogoun.

— Combien de soldats a-t-on vu débarquer dans l’île ? demanda Raïden qui s’était glissé parmi la foule.

— On ne sait pas ; mais ils sont nombreux ; les jonques en étaient toutes pleines.

— Quinze cents hommes environ, dit à part lui Raïden.

— C’est l’avant-garde de l’armée de Hiéyas, dit le prince de Nagato à voix basse ; si les troupes de Fidé-Yori n’arrivent pas promptement, Osaka court les plus grands dangers. Reprenons la mer, ajouta-t-il, j’ai un projet qui, bien que follement audacieux, peut réussir.

Avant de quitter le village, Nagato ordonna à Raïden d’acheter un assez grand nombre d’outils de charpentier. Puis ils gagnèrent la plage et se rembarquèrent.

Vers le soir la petite flotte arrivait en vue de Soumiossi et s’abritait derrière un promontoire qui la masqua complètement.