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avec complaisance. C’est donc pour l’ennemi qu’on se pare ainsi ?

— C’est l’usage, dit Harounaga, d’ailleurs les flèches rebondissent sur ces écailles de corne et les coups de sabre ne peuvent les entamer.

— Ne parle pas ainsi, il me semble être au milieu de la bataille, s’écria Yodogimi. Je vois les flèches voler, j’entends le cliquetis du fer. Que vais-je devenir pendant ces longs jours d’inquiétude ?

— Yamasiro n’est pas loin d’Osaka, dit le général, je t’enverrai souvent des nouvelles du camp.

— Oui, n’est-ce pas ? chaque jour, fais partir un messager.

— Que chaque jour il me rapporte un mot de toi. Adieu, la plus belle des princesses.

— Adieu, guerrier intrépide. Fasse le ciel que nous nous revoyions bientôt !

Harounaga s’éloigna, et lorsqu’il traversa la cour du palais, Yodogimi se pencha de la fenêtre pour le voir encore.

Le page qui tenait le cheval du guerrier apprit au général, tout en l’aidant à se mettre en selle, que des nouvelles des plus inquiétantes circulaient dans le château. L’avant-garde de l’armée ennemie avait été vue à Soumiossi, c’est-à-dire à quelques lieues d’Osaka ; les troupes du siogoun n’avaient donc