— Nous avons ordre de ne l’éveiller que quelques instants avant l’heure du conseil, dit la servante.
— Ce n’est pas moi qui me risquerai à l’aller tirer de son sommeil, dit Loo en poussant sa bouche vers son oreille.
— Ni moi, dit la vieille.
— J’irai moi-même, si vous voulez, dit le messager ; d’ailleurs, l’heure du conseil est proche : je viens de voir le prince d’Arima se diriger vers la salle des Mille-Nattes.
— Le prince d’Arima ! s’écria Loo, lui qui est toujours en retard !
— Hélas ! dit la servante, aurons-nous le temps d’habiller le maître ?
Loo fit glisser une cloison dans sa rainure et ouvrit un étroit passage ; il entra alors doucement dans la chambre de Nagato.
Il faisait frais dans cette chambre, et une fine odeur de camphre et de musc emplissait l’air.
— Maître ! maître ! dit Loo à demi voix, c’est l’heure, et puis il y a là un messager.
— Un messager ! s’écria Nagato en se dressant sur un coude ; comment est-il ?
— Il est vêtu comme un samouraï[1] : deux sabres sont passés à sa ceinture.
— Qu’il entre vite, dit le prince avec un tremblement dans la voix.
- ↑ Noble officier au service d’un daïmio ou prince.