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Raïden écarquillait les yeux.

— Où trouveras-tu tant d’argent ?

— Vous n’avez pas idée de la fortune des princes, dit Nagato étonné de ce singulier débat ; je m’apercevrai à peine de cette dépense, n’ayez donc aucun scrupule.

— Bien ! bien ! s’il en est ainsi, nous acceptons, s’écrièrent les matelots.

— Pour ce prix-là tu peux nous faire couper en cinquante morceaux, dit Raïden, qui n’était pas encore revenu de sa stupéfaction.

— Vous courrez de grands périls, dit le prince, il faudra être dévoués et intrépides.

— Celui qui lutte avec la mer n’a plus peur des hommes, dit un matelot ; nous sommes habitués au danger.

— Écoutez, dit Nagato ; vous choisirez parmi vos barques cinquante des meilleures et des plus fortes ; vous ne changerez rien à leur aspect pacifique ; vous les laisserez pourvues de leurs engins de pêche et les tiendrez prêtes à prendre la mer au premier signal.

— C’est entendu, dit Raïden.

— Je vous fournirai des armes, continua le prince ; mais vous les cacherez soigneusement ; vous devez avoir l’air de pêcheurs et non de guerriers.

— Très-bien ! nous comprenons, s’écria Raïden, qui, debout les bras croisés, écoutait le prince attentivement.