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mes ordres, avec les ennemis de Fidé-Yori ?

— Nous le voudrions, certes ! s’écrièrent quelques matelots.

— Mais nos femmes, nos enfants, que deviendraient-ils ?

— Qui les nourrirait en notre absence ?

— Vous savez bien que l’or coule de mes doigts comme l’eau d’une fontaine. Je ne vous ferai pas quitter votre métier et risquer votre vie sans vous payer largement. Combien gagne un pêcheur dans sa journée ?

— Cela dépend : dans les mauvais jours, quand la mer est impitoyable, on ne gagne pas même un itzibou ; les bons coups de filet rapportent quelquefois jusqu’à un demi-kobang,

— Eh bien, je vous payerai un demi-kobang par jour tant que la guerre durera.

— C’est trop ! c’est trop ! s’écria-t-on de tous côtés, notre sang ne vaut pas cela.

— Je ne me rétracterai pas, dit le prince.

— Mais songe donc, s’écria Raïden, nous sommes nombreux, si tu nous engages tous à ce prix-là, le total sera considérable !

— Je sais compter, dit le prince en souriant, il me faut deux cents hommes, cela fera cent kobangs par jour, trois mille kobangs par mois, trente-six mille kobangs par an.