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— Ma vie t’appartient, n’oublie pas cela, maître, et si le hasard veut qu’un jour je meure pour toi, la tache faite à mon nom sera effacée.

— Eh bien, dit le prince rapidement, tu vas partir pour mes États, les seigneurs voisins les menacent sérieusement ; tu te mettras à la tête de mes troupes ; tu défendras le territoire. Mais ma présence supposée dans mon royaume attirera peut-être autour de lui de nombreux ennemis. Hiéyas me hait personnellement. Sache, quoi qu’il arrive, soutenir l’honneur de mon nom ; songe que, pour tous, tu es le prince de Nagato.

— À force de t’imiter, j’ai pris quelque chose de ton âme, dit Sado, je te jure d’être digne de toi.

— Je me fie à toi, dit le prince ; je sais avec quelle intelligence tu as su tenir le rôle étrange que je t’avais confié, toutes les aventures conduites par toi en mon nom se sont terminées à mon honneur. C’est pourquoi je te donne aujourd’hui mes pleins pouvoirs. Tu partiras d’ici, emmenant avec toi une suite nombreuse, et c’est moi qui vais prendre le chemin souterrain ; indique-moi quelles en sont les issues ?

— Il y en a deux, maître, dit Sado : l’une qui débouche dans une maison de pêcheur inhabitée, sur les rives du Yodogava ;