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voir l’envisager froidement. Hiéyas n’a sur nous qu’un avantage : tandis que nous ne songions pas à la guerre, il a rassemblé des armées ; il est en mesure de commencer la lutte, nous ne sommes pas prêts ; mais, en quelques jours, cette infériorité n’existera plus ; nos troupes seront sur pied et la partie deviendra égale. Il faut donc pour le moment occuper l’ennemi par des escarmouches insignifiantes, le retenir loin d’ici, tandis que nous rassemblerons nos forces autour d’Osaka.

— Pour moi, je suis d’avis d’attaquer immédiatement Hiéyas et de ne pas lui laisser prendre l’offensive, dit le général Harounaga, un soldat sans grand mérite, mais que la protection active de Yodogimi, la mère du siogoun, avait promptement élevé.

— Y songes-tu ? s’écria le jeune Signénari, ce serait faire massacrer en quelques heures notre armée par une armée trois fois plus nombreuse qu’elle. Il faut occuper les forteresses et nous mettre à l’abri d’une surprise jusqu’au moment où toutes nos forces seront réunies. Si alors Hiéyas ne nous a pas encore attaqués, il sera temps de prendre l’offensive.

— Je maintiens ma proposition, dit Harounaga. J’ai idée que l’armée de Hiéyas est loin d’être aussi nombreuse qu’on se l’imagine ; comment, en l’espace d’une lune, aurait-il pu devenir formidable à ce point ?