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procher au contraire. La guerre éclatera entre eux et l’un au moins sera affaibli. Garde toujours leurs femmes à Yédo. Mets à la mode un luxe ruineux, les femmes t’aideront en ceci. Epuise les coffres des maris, qu’ils soient contraints à vendre leurs terres. Si l’un d’eux cependant est riche au point de pouvoir fournir à toutes ces dépenses, rends-lui visite, et que, pour accueillir dignement un tel honneur, il soit forcé de dépenser sa dernière lame d’or. Aie soin de fermer rigoureusement le Japon aux étrangers : les princes pourraient former avec eux des alliances redoutables. Donc, que pas un navire venant de contrées lointaines ne soit accueilli dans nos ports. Recherche les chrétiens et massacre-les impitoyablement : ils sont capables de fomenter l’insubordination et la révolte. Tu m’as bien compris, mon fils ? Tu dois l’efforcer de faire du Japon un royaume soumis à un seul maître. Mais ce but sera difficile et long à atteindre et la vie de l’homme est courte ; c’est pourquoi, quand le temps aura blanchi tes cheveux, tu appelleras ton fils comme je t’ai appelé aujourd’hui et tu lui transmettras mes paroles. J’ai fini.

— Mon père, dit Fidé-Tadda en s’agenouillant devant Hiéyas, je vous jure d’accomplir de point en point vos volontés.

— Bien, mon enfant ; mais fais appeler le