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tite, continua-t’il après avoir quelques instants considéré la jeune fille, qui rougissait et abaissait ses longs cils noirs sur ses joues. Soigne-la bien, j’aurai besoin d’elle. Puis il fit signe d’emmener l’enfant.

— Je vais peut-être mourir, mon fils, dit-il lorsqu’il fut seul avec Fidé-Tadda, c’est pourquoi je t’ai fait appeler ; je veux te donner mes dernières instructions, te tracer la ligne de conduite que tu dois suivre quand je ne serai plus là.

En entendant son père parler ainsi, Fidé-Tadda ne put retenir ses larmes.

— Attends ! attends ! s’écria Hiéyas en souriant, ne pleure pas encore, je ne suis pas mort et tu vas voir que mon esprit n’est pas obscurci comme voudrait le faire croire le vieux Mayada. Écoute-moi et garde mes paroles dans ta mémoire.

— Chaque mot tombé de ta bouche est pour moi comme serait une perle fine pour un avare.

— Je serai bref, dit Hiéyas, la parole me fatigue. Sache d’abord, mon fils, que le prédécesseur de Go-Mitzou-No, le mikado actuel, m’honora autrefois du titre de siogoun. C’était après la mort de Taïko. Je ne fis pas parade de ce titre pour ne pas porter ombrage aux amis de Fidé-Yori. Je laissai les princes et le peuple prendre l’habitude de