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d’audace et s’être mis en mesure de commencer la grande lutte qu’il voulait entreprendre pour usurper le pouvoir, Hiéyas se sentit tout à coup tellement affaibli, accablé par la fièvre et la souffrance, qu’il s’imagina qu’il allait mourir. Il fit appeler en toute hâte son fils, qui résidait alors au château de Mikava,

Fidé-Tadda, fils de Hiéyas, avait alors quarante-cinq ans. C’était un homme sans grande valeur personnelle, mais patient, persévérant et soumis aux intelligences supérieures à la sienne. Il professait pour son père une admiration sans bornes.

Il accourut auprès de son père, amenant avec lui sa plus jeune fille, une charmante enfant de quinze ans.

Hiéyas habitait un château fort qu’il faisait construire depuis de longues années à Yédo, et qui n’était pas complétement achevé. De la chambre dans laquelle il était étendu sur d’épais coussins, il voyait par la large ouverture de la fenêtre l’admirable Fousi-Yama, dont la cime couverte de neige laissait échapper une légère fumée blanche.

— C’est ta fille ? dit Hiéyas, lorsque Fidé-Tadda fut près de lui avec l’enfant.

— Oui, père illustre, c’est la sœur cadette de l’épouse du siogoun.

— Du siogoun, répéta Hiéyas, en hochant la tête et en ricanant. Elle est fort jolie, la pe-