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— Parle, dit la Kisaki.

— Divine souveraine, c’est avec douleur que je viens troubler tes plaisirs, dit Signénari, mais je dois t’apprendre que la paix de ton royaume est menacée. Hiéyas a soulevé une partie du Japon ; il se prépare à attaquer Osaka, afin d’usurper le pouvoir confié par le céleste mikado à ton serviteur Fidé-Yori.

— Est-ce possible ! s’écria la Kisaki, Hiéyas oserait commettre un pareil crime ! Cet homme n’a donc pas d’âme que, pour satisfaire son ambition insatiable, il n’hésite pas à armer les frères contre les frères, et à faire couler sur le sol du Japon le sang des fils du Japon ? Es-tu certain de ce que tu avances ?

— La nouvelle est parvenue cette nuit à Osaka par plusieurs messagers envoyés précipitamment par les princes ; ceux-ci se hâtent de fortifier leurs provinces. Le daïmio d’Arima est arrivé ce matin à l’aube et a confirmé les assertions des messagers. Des éclaireurs ont été aussitôt envoyés sur différents points, et le siogoun m’a ordonné de rappeler au plus vite ses ambassadeurs afin de tenir conseil.

— Retournons au palais, dit la Kisaki ; On se mit en marche silencieusement ; les princesses seules chuchotaient entre elles en regardant le jeune guerrier.