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— Il nous craindra, je te le jure ! s’écria Signénari avec un éclair héroïque dans les yeux.

— Tu as raison, pardonne-moi ce moment de faiblesse, dit le prince en relevant la tête, je suis si écrasé de chagrins que cette nouvelle tristesse m’a une minute accablé.

Les chasseurs s’étaient aperçus de l’absence du prince de Nagato. Croyant à un accident, on avait donné l’alarme, et toute la cour revenait en arrière.

On aperçut bientôt le prince causant avec Signénari. On les rejoignit, on les entoura on les questionnant. Les chiens aboyèrent, quelques chevaux se cabrèrent ; les fauconniers rappelaient les oiseaux qui refusaient d’obéir et continuaient à poursuivre leur proie.

— Qu’est-il arrivé ? disait-on.

— C’est un messager.

— Il apporte des nouvelles d’Osaka ?

— De mauvaises nouvelles !

Nagato conduisit Signénari devant la Kisaki.

La reine montait un cheval blanc couvert d’un réseau de perles et orné au front d’une houppe de soie.

— Voici le plus brave de tes soldats, dit Nagato en désignant Signénari. Il vient d’Osaka.

Signénari s’inclina profondément, puis reprit son attitude grave et réservée.