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Après l’audience, le mikado quitte l’estrade et on le dépouille de ses robes de parade par trop encombrantes. Revêtu d’un costume plus simple, il se dirige vers les salles dans lesquelles il prend ses repas.

Go-Mitzou-No considère l’heure du dîner comme l’instant le plus agréable de la journée ; il prolonge cet instant autant qu’il le peut. Le mikado aime la bonne chère ; il a des préférences pour certains mets. À propos de ces préférences, une terrible difficulté s’était dressée autrefois. Le Fils des dieux ne pouvait raisonnablement arrêter son esprit sublime sur des détails de cuisine et indiquer les plats qu’il désirait manger ; cependant, il ne pouvait pas davantage se soumettre aux fantaisies de ses cuisiniers ou de ses ministres. Après avoir longtemps songé, le mikado trouva le moyen de tout concilier ; il ordonna qu’on lui préparât chaque jour trente-trois dîners différemment composés et qu’on les lui servît dans trente-trois salles. Il ne lui restait donc qu’à parcourir ces salles et à choisir le repas de son goût.

Quelquefois, il arrivait qu’après avoir mangé un dîner, il passait dans une autre salle et en mangeait un second.

Lorsqu’il franchit la porte de la première des trente-trois salles douze femmes très-no-