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— C’est le dernier pétale du jour qui s’effeuille, dit la Kisaki, du jour qui tombe dans le passé, mais dont notre esprit gardera le souvenir comme d’un jour de joie et de paix, le dernier peut-être.

Elle se détourna pour dérober les larmes qui, malgré elle, jaillissaient de ses yeux.

Le prince avait le cœur serré par une angoisse inexprimable ; il était comme la victime qui voit le couteau au-dessus de sa gorge, il n’osait parler de peur de hâter le sacrifice.

Tout à coup la Kisaki se retourna vers lui.

— Prince, dit-elle, j’avais ceci à te dire : il faut que tu épouses Fatkoura.

Nagato regarda la reine avec épouvante ; il vit ses yeux mouillés de larmes, mais pleins d’une résolution tranquille et irrévocable.

Lentement il baissa la tête.

— J’obéirai, murmura-t-il.

Et tandis qu’elle s’éloignait précipitamment il cacha son visage dans ses mains et laissa éclater les sanglots qui l’étouffaient.