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L’USURPATEUR

— Je te crois et je jure de t’obéir, dit le roi ému de cet accent désespéré ; je n’irai pas à la fête du Génie de la mer.

La jeune fille poussa un cri de joie et regarda avec reconnaissance le soleil qui s’élevait au-dessus des arbres.

— Mais apprends-moi comment tu as découvert ce complot, reprit le siogoun, et quels en sont les auteurs.

— Oh ! ne m’ordonne pas de te le dire. Tout cet édifice d’infamie que je fais crouler, c’est sur moi-même qu’il croule.

— Soit, jeune fille, garde ton secret ; mais dis-moi au moins d’où te vient ce grand dévouement et pourquoi ma vie est pour toi si précieuse ?

La jeune fille leva lentement les yeux vers le roi, puis elle les baissa et rougit, mais ne répondit rien. Une vague émotion troubla le cœur du prince. Il se tut et se laissa envahir par cette impression pleine de douceur. Il eût voulu demeurer ainsi longtemps, en silence, au milieu de ces chants d’oiseaux, de ces parfums, près de cette enfant agenouillée.

— Apprends-moi qui tu es, toi qui me sauves de la mort, dit-il enfin, et indique-moi la récompense digne de ton courage.

— Je me nomme Omiti, dit la jeune fille, je ne peux rien te dire de plus. Donne-moi