Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 1.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les rues de la ville, pleines d’une foule brillante, les enclos, les cours, qui, de là-haut, ressemblent à des boîtes ouvertes ; d’un seul mouvement des yeux ils traversent Kioto ; près de la rivière, ils voient un grand espace libre, entouré d’une palissade, c’est le champ de manœuvres des cavaliers du ciel, quelques-uns galopent dans son enceinte, les broderies de leurs vêtements, leur lance, leur casque, jettent des éclairs.

Les montagnes, d’un vert profond, mordent de leurs dentelures diverses l’azur vif du ciel, quelques pics plus lointains ont des nuances violettes, l’atmosphère est si pure que l’on distingue nettement la petite ville de Yodo, rattachée à Kioto par le long ruban de la route qui traverse les champs dorés.

La Kisaki se lève.

— En route ! s’écrie-t-elle ; ne nous arrêtons pas trop longtemps ici, allons boire, plus haut, l’eau de la cascade d’Otooua, laquelle, à ce que prétendent les bonzes, donne la prudence et la sagesse.

— N’y a-t-il pas une fontaine dont l’eau aurait la vertu de rendre fou et insouciant ? dit Simabara ; celle-là j’y tremperais plus volontiers mes lèvres.

— Je ne vois pas ce que tu y gagnerais, dit une princesse en riant ; si la fontaine dont tu parles existe, tu as certainement goûté de son eau.