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l’amitié qu’il s’efforçait de ressentir pour sa malheureuse victime, Fatkoura ne lui inspirait qu’une indifférence profonde.

L’arrivée de la Kisaki le dispensa de répondre à Iza-Farou. La reine s’avançait sous la verandah, en saluant d’un gracieux sourire ses hôtes qui mirent un genou à terre.

Comme l’on devait gravir une montagne et passer par d’étroits chemins, la Kisaki avait revêtu une robe moins ample que celle qu’elle portait d’ordinaire. Cette robe glauque était en crêpe légèrement ridé comme la surface d’un lac qui frissonne sous le vent ; une large ceinture en toile d’or serrait la taille et formait un nœud énorme sur les reins, Une branche de chrysanthème en fleur était brodée sur l’un des bouts de cette ceinture. La reine avait dans les cheveux de grandes épingles blondes finement travaillées, et au-dessus du front un petit miroir rond entouré d’un rang de perles.

Bientôt, un char magnifique, traîné par deux buffles noirs, s’avança devant le palais. Ce char, surmonté d’un toit et tout couvert de dorures, ressemblait à un pavillon. Il était clos par des stores que la Kisaki fit relever.

Les princesses et les seigneurs prirent place dans des norimonos portés par un grand nombre d’hommes richement vêtus, et l’on se mit en route joyeusement.