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— Les fleurs sont si belles que nous ne verrons jamais le piège, dit le prince de Tsusima en riant.

— Allons, dit la reine, Simabara boira deux tasses de saké pour avoir blessé les femmes.

Simabara vida les tasses gaiement.

— Autrefois, dit la princesse Iza-Farou, en lançant un regard malicieux à Simabara, les héros étaient nombreux : on parlait de Asahina, qui saisissait de chaque main un guerrier tout cuirassé et le lançait loin de lui, de Tametomo et de son arc formidable, de Yatsitsoné qui n’avait pour bouclier que son éventail ouvert, de combien encore ! leurs grandes aventures emplissaient les causeries. On affirmait, entre autres choses, qu’un jour, Sousigé, le cavalier sans rival, revenant de voyage, aperçut plusieurs de ses amis accroupis autour d’un damier ; il lança alors son cheval par dessus leurs têtes, et le cheval se tint immobile sur ses pieds de derrière au centre du damier. Les joueurs, stupéfaits, crurent que ce cavalier tombait du ciel. En ce temps-ci je n’ai entendu conter rien de pareil.

— Bon ! bon ! s’écria Simabara, tu veux donner à entendre qu’aucun de nous ne serait capable d’accomplir une telle prouesse d’équitation, et que le temps des héros est passé.