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— C’est vrai ! c’est vrai ! cria-t-on ; commence !

— Un vieux loup, reprit Simabara, habitait dans une grotte, près d’une route très-fréquentée. Ce loup avait un appétit insatiable, il sortait donc souvent de sa caverne, s’avançait au bord du chemin et happait un passant. Mais cette façon d’agir ne fut nullement du goût des voyageurs, ils cessèrent de passer par cette route et peu à peu elle devint tout à fait déserte. Le loup médita profondément et chercha le moyen de faire cesser cet état de choses. Tout à coup il disparut et on le crut mort. Quelques audacieux se risquèrent sur le chemin, ils virent alors une belle jeune fille qui leur souriait.

— Voulez-vous me suivre et venir vous reposer dans un lieu frais et charmant ? leur dit-elle.

On n’eut garde de refuser, mais dès qu’elle fut loin de la route, la jeune fille redevint un vieux loup et croqua les voyageurs ; puis il reprit sa forme gracieuse et retourna au bord de la route. Depuis ce temps il n’est pas un voyageur qui ne soit tombé dans la gueule du loup !

Les princes applaudirent fort à cette histoire ; mais les femmes se récrièrent.

— Cela veut dire que nous sommes des pièges dangereux cachés par des fleurs, dirent-elles.