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Au-dessus de son oreille gauche, de la tête d’une longue épingle enfoncée dans ses cheveux, pend au bout d’une chaînette d’or une grosse perle d’une rare beauté et parfaitement ronde.

La Kisaki, penchée par dessus la balustrade, suit avec attention la lutte acharnée de deux cailles qui combattent déjà depuis longtemps.

Deux jeunes garçons, vêtus d’un costume semblable, différent par la couleur, sont accroupis sur les talons en face l’un de l’autre, surveillant le duel des jolis oiseaux, prêts à relever les morts et à mettre en présence de nouveaux combattants.

— Combien j’ai peu de chance de gagner, dit un seigneur au visage spirituel, moi qui ai osé parier contre ma souveraine !

— Tu es le seul qui ait eu cette audace, Simabara, dit la Kisaki, mais si tu gagnes, au prochain combat je suis sûre que tous parieront contre moi.

— Il pourrait bien gagner, dit le prince de Tsusima, époux de la belle Iza-Farou-No-Kami.

— Comment ! s’écria la Kisaki, suis-je donc si près de perdre ?

— Vois, ton champion faiblit.

— Courage ! encore un effort ! courage, petite guerrière ! dit la reine.