léger parfum. Mais, à son grand chagrin, il lui semblait que, depuis quelques jours, ce parfum s’évaporait ; peut-être, habitué à le respirer, ne le sentait-il plus aussi vivement.
Tout à coup le prince se redressa ; il songeait qu’à l’intérieur de l’enveloppe, ce parfum si subtil, si délicieux, s’était sans doute mieux conservé. Il rompit le sceau qu’il n’avait pas encore touché, croyant que l’enveloppe était vide ; mais, à sa grande surprise, il en tira un papier couvert de caractères.
Il poussa un cri et essaya de lire, mais en vain. Un voile rouge frissonnait devant ses yeux, le sang sifflait à ses oreilles ; il eut peur de s’évanouir et reposa sa tête sur l’oreiller. Il parvint cependant à se calmer et reporta ses yeux sur l’écriture. C’était un quatrain élégamment combiné. Le prince le lut avec une émotion indicible :
« Deux fleurs s’épanouissent sur les bords d’un ruisseau. Mais, hélas ! le ruisseau les sépare.
« Dans chaque corolle s’arrondit une goutte de rosée, âme brillante de la fleur.
« L’une d’elles, le soleil la frappe. Il la fait resplendir. Mais elle songe : pourquoi ne suis-je pas sur l’autre rive ?
« Un jour, ces fleurs s’inclineront pour mourir. Elles laisseront tomber comme un diamant leur âme lumineuse. Alors les deux