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les victimes ne se plaignaient pas ; en mourant, elles priaient le ciel de pardonner à leurs bourreaux. Les assistants poussaient des cris affreux, et moi, tout effrayé, je criais avec eux et je cachais mon visage sur la poitrine du prince de Mayada qui me tenait dans ses bras ; bientôt, malgré les soldats qui les repoussaient et les frappaient de leurs lances, les spectateurs de cette horrible scène se précipitèrent sur la colline pour se disputer quelques reliques de ces martyrs, qu’ils laissèrent nus sur les croix.

Tout en parlant, le siogoun continuait à feuilleter le livre.

— Justement, dit-il avec un mouvement » d’effroi, voici l’édit rendu par mon père et ordonnant le massacre :

« Moi, Taïko-Sama, j’ai voué ces hommes à la mort, parce qu’ils sont venus au Japon, se disant ambassadeurs, quoiqu’ils ne le fussent pas ; parce qu’ils ont demeuré sur mes terres sans ma permission, et prêché la loi des chrétiens, contrairement à ma défense. Je veux qu’ils soient crucifiés à Nakasaki. »

Fidé-Yori arracha cette page et quelques pages suivantes, contenant des lois contre les chrétiens.

— J’ai trouvé ce qu’il fallait retrancher de ce livre, dit-il.

— Tu fais bien, maître, de couvrir de ta