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L’USURPATEUR

Portes enfoncées, coups, tumultes, scandales. — Connaît-on les auteurs de ces méfaits ? — Celui qui conduit les autres est le seul coupable et je connais ce coupable. — Qui est-ce ? — Qui ! sinon celui que l’on trouve dans toutes les aventures, dans toutes les batailles nocturnes ; qui, sinon le prince de Nagato, la terreur des honnêtes familles » l’épouvante des gens paisibles ? Et comme tu me pardonneras, ô trop clément ! Hiéyas te reprochera ta faiblesse en la faisant sonner bien haut, afin que cette faiblesse nuise au siogoun et profite au régent.

— Mais si je me courrouçais enfin de ta conduite, Nagato, dit le siogoun, si je t’envoyais passer un an dans ta province ?

— J’irais, maître, sans murmurer.

— Oui, et qui m’aimerait ici ? dit tristement Fidé-Yori. Je vois autour de moi de grands dévouements, mais pas une affection comme la tienne ; mais peut-être suis-je injuste, ajouta-t-il, tu es le seul que j’aime, et c’est sans doute à cause de cela qu’il me semble n’être aimé que de toi.

Nagato leva vers le prince un regard plein de reconnaissance.

— Tu te sens pardonné par moi, n’est-ce pas ? dit Fidé-Yori en souriant, mais tâche de m’éviter les reproches du régent, tu sais combien ils me sont pénibles. Va le saluer,