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— Ah ! ah ! est-ce bien vrai ? et quel prix en veux-tu ?

— Quatre kobangs.

L’aubergiste allait s’écrier : « Pas plus », mais il se retint.

— C’est ce que j’allais l’offrir, dit-il.

— Eh bien, c’est convenu, dit le vieillard ; je te la loue pour tout ce que tu voudras en faire pendant l’espace de vingt années.

L’acheteur se hâta d’aller chercher un rouleau de papier et des pinceaux ; il rédigea le traité que le vieillard signa sans hésiter.

La jeune fille gardait une attitude de statue, elle ne jeta pas un regard au vieillard qui feignait d’essuyer une larme en empochant les kobangs.

Avant de sortir, il se pencha vers l’oreille de l’aubergiste et lui dit :

— Défie-toi d’elle, surveille-la, elle cherchera à s’échapper.

Puis il quitta la maison de thé de l’Aurore, et quiconque, lorsqu’il tourna l’angle de la rue, l’eût vu changer de pas en se frottant les mains et dépasser les plus alertes, eût peut-être suspecté l’authenticité de sa vieillesse et de sa barbe blanche.