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paupières ridiculement bridées ; sa bouche, très-éloignée d’un nez long et anguleux, démeublée de dents et surmontée de quelques poils roides et clairsemés, donnait une expression piteuse et sournoise à son visage marqué de la petite vérole.

— Tu veux te débarrasser de cette petite ? dit-il en faisant rouler une de ses prunelles, tandis que l’autre disparaissait à l’encoignure de son nez.

— Me débarrasser de mon enfant, s’écria le vieillard. Je ne veux me séparer d’elle que pour la mettre à l’abri de la misère.

— Malheureusement, j’ai plus de femmes qu’il n’est nécessaire et toutes sont pour le moins aussi jolies que celle-ci. Ma maison est au complet.

— Je verrai ailleurs, dit le vieillard en faisant mine de s’en aller.

— Ne te presse pas tant, dit l’homme, si tes prétentions ne sont pas exorbitantes nous pourrons nous entendre.

Il lui fit signe de le suivre dans la salle à l’entrée de laquelle il se tenait ; cette salle qui donnait sur un jardin était déserte.

— Que sait-elle faire la fillette, voyons ? dit l’affreux louche.

— Elle sait broder, elle sait chanter et jouer de plusieurs instruments ; elle peut même composer un quatrain.