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adversaires, et bientôt deux camps sont prêts à en venir aux mains. Mais de tous côtés les assistants crient :

— Le câble ! le câble ! pas de combat ; qu’on aille chercher un câble.

Quelques personnes s’éloignent en courant, entrent dans plusieurs maisons et finissent par trouver ce qu’elles cherchent, elles reviennent avec une grosse corde.

Alors les spectateurs se rangent le long des maisons, laissant la place libre à ceux qui veulent lutter. Ceux-ci saisissent la corde à deux mains, ils sont quinze d’un côté, quinze de l’autre, et se mettent à tirer de toutes leurs forces. La corde se tend, frissonne, puis demeure immobile.

— Courage ! tenez ferme ! ne lâchez pas ! crie-t-on de tous côtés.

Cependant, après avoir longtemps lutté contre la fatigue, un des partis abandonne brusquement la corde. Les vainqueurs tombent simultanément, les uns sur les autres, les jambes en l’air, au milieu des cris et des éclats de rire de la foule.

Néanmoins on se porte à leur secours, on les aide à se relever, puis la réconciliation des deux camps ennemis va se sceller par des libations de saké.

L’auberge est envahie, et les servantes ne savent plus que devenir.