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— Ta fille se nomme Omiti ? s’écria celui-ci dont le visage s’empourpra subitement.

— Oui, maître. Pourquoi cette question ?

— Rappelle-la, je te prie.

Ovari obéit. La jeune fille revint tremblante, les yeux baissés.

Hiéyas la regarda fixement avec une expression de visage effrayante pour qui connaissait cet homme. La jeune fille releva la tête cependant, et l’on put lire dans ses yeux une intrépidité invincible, une sorte de renoncement à soi-même et à la vie.

— C’est toi qui nous as trahis, dit Hiéyas d’une voix sourde.

— Oui, dit-elle.

— Que signifie ceci ? s’écria le prince d’Ovari en faisant un soubresaut.

— Cela veut dire que le complot si bien ourdi derrière les murs de ce château, si mystérieusement dérobé à tous, elle l’a surpris et dévoilé.

— Misérable ! s’écria le prince en levant le poing sur sa fille.

— Une femme, une enfant, enrayant un projet politique ! reprit Hiéyas. Un vil caillou qui vous fait trébucher et vous précipite à terre, c’est dérisoire !

— Je te tuerai ! hurla Ovari.

— Tuez-moi, qu’importe, dit la jeune fille,